Faire le point sur l'état du gamin

Nyme avait finit par trouver un moment où il se rendit avec Nathanael chez la dame dont celui-ci lui avait parlé pour voir dans quel état se trouvait cet enfant. Il ne savait pas du tout à quoi s’attendre. En entrant, il salua poliment la vieille dame et se fit conduire jusque dans la chambre où l’enfant était et semblait l’attendre, on avait dû le prévenir. Il se présenta rapidement question que William n’ait pas à faire à un inconnu puis l’examina sommairement. C’était un cas typique, du moins c’était ce qu’il imaginait car il avait rarement l’occasion d’ausculter les enfants de ce milieu. Nyme demanda à William de rester là un instant et retourna voir Nathanael à l’extérieur de la pièce.

- J’ai une bonne et une mauvaise nouvelle

Autant dire la vérité tout de suite.

- La bonne c'est qu'il n'a rien de dangereux dans l'immédiat, ce n'est pas une maladie. La mauvaise c'est que sa gorge et ses poumons sont dans un état...inquiétant sans doute a-t-il passé beaucoup de temps proche de sources de fumée et de poussière donc, à la prochaine épidémie j'ai bien peur que sa santé fragilisé par ce problème fasse en sorte qu'il succombe.

Au soulagement de savoir qu'il n'avait rien de grave, succéda un nouveau sujet d'inquiétude. Les sourcils de Nathanael se froncèrent de contrariété, et son regard se perdit dans le vide quelques secondes. Puis il fit face à Nyme.

Alors que préconisez-vous? Qu'est-ce qui serait le mieux pour lui?

Nathanael croisa le regard de William et lui fit un petit signe de la main pour l'encourager, et surtout pour le rassurer, et lui dire que tout allait bien se passer. Puis il attendit la réponse avec impatience.

- Le mieux serait de l’éloigner des quartiers trop près de toutes ces usines et de ses maisons où les gens s’entassent en augmentant les risques d’épidémies. L’idéal en faite serait de le mettre à l’abri le plus possible de tout ces risques et encore là rien ne peut-être garanti parce qu’il m’est impossible de prévoir où et quand une maladie frappera.

Nyme jeta un coup d’œil à l’enfant par-dessus son épaule. C’était tellement dommage pour lui. Ce pauvre petit qui peut-être ne vivrait pas jusqu’à la semaine prochaine mais qui pouvait aussi bien finir sa vie en tant qu’un simple vieillard, c’était impossible de le savoir.

- Comme je vous l’ai dit, je connais une femme qui aurait pu s’en occuper mais elle demeure au centre-ville et ça ne suffirait pas à l’éloigner suffisamment des dangers. Il faudra donc trouver une autre solution si l’on veut lui laisser les meilleures chances de vivre longtemps.

William écoutait ce qui se passait mais n’entendait pas tout et ne comprenait pas pourquoi Nathanael semblait inquiet. Il répondit par contre à son signe avec un sourire et en lui envoyant la main. Il était bien content de le voir, surtout parce que souvent il lui amenait plein de bonnes choses et qu’il n’avait pas eu le droit d’en manger depuis un moment. Will se leva et fit le tour de la chambre, Nyme se tenant dans la porte et l’empêchant de sortir. Il retrouva enfin ce qu’il avait perdu quand il vit quelque chose briller parterre. Il se pencha et ramassa la pièce qui avait du tomber de sa poche quelques jours plus tôt. Maintenant, c’était certain, il ne pouvait pas avoir de meilleure journée et rien ne pourrait la gâcher!

- Vilaine ! Tu restes là !

Lança-t-il en remettant la pièce dans sa poche avant de se tourner vers les deux hommes qui discutaient encore.

Nathanael sourit en voyant que le petit William conservait sa bonne humeur. Il était content de voir que le séjour chez la vieille dame s'était avéré plus que bénéfique : il était propre, il s'était remplumé, et son visage avait retrouvé des couleurs.

Il se retint même de rire en le voyant ranger sa pièce, aussi précieuse qu'un trésor. Heureusement que Nyme l'avait sorti de l'embarras. Grâce à son aide, le petit garçon pourrait continuer à être bien traîté, et bien nourri. Sauf qu'un nouveau problème se posait : Nyme avait dit qu'il devait être mis à l'abri du danger, et il avait eu vent qu'un cargo oriental avait apporté un début d'épidémie de variole. Il allait peut etre falloir lui trouver nu nouveau foyer.

William en avait assez d’attendre et s’approcha des deux adultes. Il tira sur la manche de Nyme et, aussi direct qu’il pouvait l’être, il demanda tout simplement :

- Alors m’sieur, je suis malade ?

Le gamin releva la tête pour pouvoir les regarder. Il trouvait ça étrange de voir combien les deux semblaient différents et se demandait bien pourquoi un médecin prenait la peine de venir le voir maintenant, lui alors qu’il allait bien, et que personne n’était venu voir ses parents quand ils en auraient eu besoin.

- Pourquoi vous venez me voir ? J’ai pas besoin moi.

Ajouta-t-il sans laisser le temps à Nyme de répondre à sa première question.

Nyme se retourna en sentant qu’on tirait sur sa manche et vit le petit garçon qui lui posa plusieurs questions auxquelles il n’eut pas le temps de répondre avant de s’en faire poser une autre.

- Tu n’es pas malade mais il va falloir te trouver un nouvel endroit où vivre.

La seconde question le laisse un peu perplexe mais il déduisit facilement que William avait dû perdre des gens à qui il tenait à cause de maladies.

- Parce que Nathanael voulait être certain que tu ailles bien.

Nyme était peut-être maladroit quand il s’adressait à quelqu’un mais avec les enfants il avait toujours l’impression que c’était pire, il ne savait pas du tout comment s’y prendre.

Nathanael vint à la rescousse de Nyme, qu'il sentait peu à l'aise sur le sujet. Il se pencha vers lui, lui ébouriffa les cheveux et s'adressa à lui avec un sourire. Le sourire, c'était vraiment quelque chose que Nathanael et sa soeur avaient en commun, un sourire franc, chaleureux et rassurant.

Je vais t'expliquer... Il y a de vilaines maladies qui traînent dans les rues en ce moment, et le médecin et moi, on ne voudrait pas que tu les attrapes, car elles peuvent être graves. Nous, ça va, on est des grands, mais toi tu cours plus de danger, parce que tu es plus petit. Alors, on cherche un endroit pour toi, où la maladie ne pourrait pas te toucher. Tu comprends?

Puis Nathanael lança un regard interrogateur à Nyme : la question était bien de savoir où est-ce qu'ils allaient le loger...

Will écouta les réponses qu’on lui donnait mais ne fut pas vraiment plus satisfait. Il continuait à trouver ça injuste. Puis Nathanael lui donne une autre explication.

- Mais je vais aller où moi alors ?

Demanda le gamin en regardant les deux hommes. C’était bien beau leurs histoires de maladies et tout mais concrètement, il allait lui arriver quoi ? William était quand même bien chez la vieille dame et il ne voulait pas changer. Surtout, il ne voulait pas retourner dans la rue comme avait. Il avait finit par s’habituer à avoir des repas tout les jours, à être au chaud et non trempé par la pluie. Il voulait rester comme ça et avait vraiment peur d'où ils pourraient finir par l'envoyer. Est-ce que c'était pour le punir? Pourtant il avait tout fait pour être gentil...

Nyme fut bien content que Nathanael prenne la relève sur les explications parce qu’il sentait bien qu’il s’embourbait. C’est vrai que son explication était bien meilleur que la sienne mais ça ne sembla pas plus convenir à l’enfant qui paraissait avoir tout un caractère…

- Ne t’inquiète pas, on va te trouver un bon endroit.

Quoiqu’il ne voyait pas vraiment lequel. Après tout, il fallait l’éloigner de la ville…l’installer dans une ferme ? Il était trop faible et personne ne voudrait l’avoir car il ne pourrait pas travailler.

- Je pourrais peut-être demander à mon chauffeur.

C’est vrai que c’était une option puisque celui-ci logeait dans une petite maison derrière le manoir avec sa famille.

Nathanael hocha la tête, rassuré. Il était impressionné par la gentillesse et le dévouement de Nyme, sous ses airs distants et réservés. Il avait rarement vu des gens de sa condition se soucier des petites gens.

Ce bambin a vraiment de la chance de vous avoir.... si seulement d'autres pouvaient aussi en profiter...

Puis il expliqua la situation à William, tentant de rendre la solution attractive.

[i] On a trouvé un endroit vraiment très bien pour toi. Je t'assure! Tu vas habiter dans un parc immense, avec plein d'arbres et de cachettes, et tu auras des amis avec qui jouer. Et en plus, à ce qu'on m'a dit, il y aurait même des chevaux!

- Malheureusement, je ne peu pas faire de miracles et tant que les conditions de vies ne s’amélioreront pas ça ne servira à rien de les soigner puisqu’ils ne tarderont pas à tous retomber malade.

Biensur que ça aurait été magnifique de pouvoir soigner tout les enfants qui en avaient besoin mais c’était tout bonnement impossible, c’était les conditions d’hygiènes qui devaient changer avant tout.

- Donnez moi deux minutes.

Sur ce, il sorti pour aller s’adresser à son chauffeur qui les attendait devant la maison.

- On repart déjà monsieur ?

- Non, mais j’aurais un service à vous demander.

- Quel genre de service ?

- Il y a là un jeune garçon qui aurait besoin de venir vivre loin de la ville et j’ai cru que vous pourriez l’accueillir dans votre famille.

- Ça ferait une bouche de plus à nourrir monsieur….

- Vous ai-je déjà laissé dans la misère ?

- Non, vous êtes généreux monsieur c’est certain…

- Et ça ne changera pas, tout ce que je vous demande c’est de partager votre toit avec cet enfant.

- C’est vrai que les petits aimeront bien avoir quelqu’un pour jouer et je crois pas que ça gênera ma femme d’en avoir un de plus…mais il pourra aider avec les chevaux ?

- Il le fera du mieux qu’il pourra.

- Bien, vous savez que je suis pas exigeant. Très bien, je vais le prendre votre marmot.

- Merci.

Nyme retourna ensuite à l’intérieur. Il aurait très bien pu obliger l’homme à accepter mais ce n’était pas son genre.

- Tout est réglé.

William resta avec Nathanael qui lui expliqua ce qui allait lui arriver et ça ne semblait pas si horrible, ça ressemblait un peu à là où il était mais avec des chevaux.

- Les chevaux, c’est les grandes bêtes devant la maison qui tire la boîte ?

Il n’était pas très au courant là-dessus. Après tout, ces connaissances ne lui servaient à rien quand il vivait dans la rue alors il avait tout simplement fait comme si ça n’existait pas mais maintenant qu’on lui en parlait il fallait bien qu’il tente de savoir ce que c’était. Puis Nyme revint en déclarant que tout était réglé. Ça voulait dire quoi ? Qu’il allait partir et aller vivre dehors dans ce grand parc avec des grosses bêtes ? William n’avait pas tout compris très clairement…

Oui, les chevaux c'est les grandes bêtes qui tirent les carrosses et les charettes. Tu verras, le monsieur chez qui tu vas habiter, son métier c'est de conduire ces grosses bêtes et de s'en occuper. Mais comme ça demande beaucoup de travail, il aura besoin que tu l'aides de temps en temps. Ne t'inquiètes pas, il t'apprendra tout ce que tu auras besoin de savoir. Et comme je te l'ai dit, il y aura d'autres enfants de ton âge avec qui jouer. Tu peux me croire, le monsieur qui va t'accueillir travaille avec le médecin qui s'est occupé de toi. Et je t'assure que je viendrai te voir souvent!

Il offrit un sourire encourageant au petit garçon, tentant de le rassurer et de dissiper ses inquiétudes.

En faite, ils avaient de la chance que William ne possède rien car il n’aurait pas de bagages à faire. Et il serait très bien à vivre dans cette famille qui ne manquait jamais de rien car Nyme, bien qu’il n’ait que deux employés, les traitait toujours très bien et pour le cas de son cocher, il s’assurait aussi que sa famille se porte bien.

- Viens William, je vais te présenter l’homme qui s’occupera de toi et puis tu viendras avec nous.

L’enfant ne voulu pas le suivre immédiatement, allant dire au revoir à la vieille dame et aux autres enfants qui étaient là avec lui. Ensuite, il regarda Nathanael, lui dit quelques mots et suivit finalement Nyme qui lui présenta son cocher avant de le faire monter dans le carrosse.

- Vous pourrez venir la voir autant que vous le souhaiterez. La maison n’est pas difficile à trouver, il suffit de continuer à suivre le chemin qui mène au manoir et qui vous fera traverser le terrain jusqu’à l’écurie.

William alla remercier la vieille dame qui avait été très gentille avec lui pendant tout ce temps et revins voir Nathanel.

- Ce n’est pas un mensonge, hein ? Vous n’allez pas m’oublier même si je suis loin ?

Il le trouvait très gentil et c’était un peu comme un ami, un genre de sauveur car sans lui qui sait où William serait à ce moment là. Puis Will suivit le docteur qui lui présenta l’homme assis sur la grande boîte. Impressionné par les grands chevaux, le gamin se demanda si lui aussi il pourrait leur dire où aller un jour. Il monta ensuite dans le carrosse et trouva ça particulièrement étrange…on aurait dit un salon dans une boîte. Au moins, c’était très confortable. Il regarda dehors pour faire un signe de la main à Nathanael avant le départ.

Nathanael serra le petit garçon contre lui, avant de s'écarter doucement de lui pour le laisser partir vers sa nouvelle vie. Dès que ses cours le lui permettraient, il viendrait le voir, mais il n'avait aucune inquiétude pour les temps à venir, qui allaient de toute façon être plus radieux que ceux qu'il avait connus pour l'instant.

C'est avec un petit pincement au coeur qu'il vit la voiture s'éloigner dans les rues, et salua William d'un geste de la main.
Puis, Nathanael se tourna vers Nyme.

Vous n'avez pas pensé à ouvrir un orphelinat? Un sanctuaire pour les pauvres gamins des rues, qui leur éviterait de devenir des voleurs ou des prostituées, et leur offrir un avenir décent. Qu'est-ce que vous en dites?

- Ça serait une solution…quoique ça coûte cher.

L’argent n’était peut-être pas un problème mais Nyme ne se mettrait pas à jeter sa fortune par les fenêtres quand même, il était prudent.

- Il y en a déjà plusieurs…quoique leurs conditions ne doivent pas être bien meilleures que celles des maisons où ces enfants vivaient avant. Je ne suis peut-être pas pauvre mais je ne suis pas la reine non plus…

Ça demeurait tout de même une option qui aiderait sans doute de nombreux enfants tels que William. Mais ce n’était pas si simple, il faudrait trouver une bâtisse bien tenue, engager des gens, assurer une éducation, une bonne alimentation…C’était plusieurs petites choses que Nyme ne pouvait faire seul même avec toute la bonne volonté du monde..

- J'y penserais...mais encore une fois ça ne règlerait qu'une mince partie du problème.

La simple idée de devoir passer du temps avec ces gens l’exaspérait déjà mais si c’était pour la bonne cause….

- Vous n’avez pas idée à quel point c’est insupportable d’être avec ces gens…quoique les voir une fois par année m’éviterait bien des commentaires et surtout bien des sorties inutiles…Je vérifierais ce que je peux faire avec Masson, l’idée n’est quand même pas négligeable.

Nyme regarda Nathe un instant…ça lui demanderait tout un effort de faire ça.

- Vous croyez que votre soeur apprécierait ce genre de...d'événements?

Nathanael fut enchanté par la réponse de Nyme, et il le lui fit savoir. Par contre, son enthousiasme retomba en l'entendant parler du fait de mêler sa soeur à cet évènement.

Vous connaissez ces gens-là mieux que moi, mais je suis sûre d'une chose... Elle ne sera pas considérée tant qu'elle ne s'affichera pas à votre bras en tant que votre épouse. Et même une fois votre épouse, elle sera toujours critiquée pour ne pas être issue du même monde que vous. Sauf que là, elle sera là légitimement...

- Vous croyez que je ferais bien de lui demander sa main ?

Après tout, ils ne se connaissaient pas depuis très longtemps même si leur amour semblait sincère. Nyme n’avait pas beaucoup d’expérience non plus côté amour. En faite, la femme avec qui il avait été sensé se marier, il ne l’avait pas connu très longtemps avant de demander sa main à son père comme la coutume le demandait…

- Ou plutôt, accepteriez vous que je la lui demande ?

Lui demanda-t-il. Après tout, il ne pouvait le demander au père de Theodora. Quoiqu’elle avait tout de même son mot à dire.

Les yeux de Nathanael s'agrandirent de surprise en entendant les propos de Nyme. On peut dire qu'il s'emballait!

Du calme héros! Cela fait à peine quelques semaines que vous vous connaissez. Vos sentiments sont purs, et je ne mets pas cela en doute. Mais vous venez de vous rencontrer, et il vaudrait mieux vous assurer que ces sentiments vont perdurer pour le restant de vos jours... J'ai entendu beaucoup d'histoires sur des couples qui ont fini par se détester tout au long de ma vie, et je ne veux pas imposer ceci à ma Theodora. Elle n'y survivrait pas...

Mais, pour le fait de l'épouser, vous avez ma bénédiction. Vous êtes quelqu'un de bien, qui a des principes, et qui pourra mettre ma soeur à l'abri du besoin. Et surtout, qui l'aime sincèrement, et qui se soucie d'elle.

Il lui posa solennellement la main sur l'épaule pour sceller cet instant.

- Moi aussi je sais ce que c'est les couples malheureux...Ne vous en faites pas, je n’avais pas l’intention de lui demander tout de suite. Aucun de nous n’est encore près je crois bien. Mais je voulais simplement m’assurer que vous ne vous y opposeriez pas car après tout vous êtes sa seule famille et je ne saurais me permettre de lui demander sans lui poser la question.

Dit-il simplement pour rassurer Nathanael sur ses intentions. Évitant de parler de ses parents qu'il avait bien vu malheureux, du moins sa mère. Il ne pu s’empêcher de sourire, l’avenir lui semblait déjà plus lumineux.

- Bon, il faudrait peut-être que j’aille travailler, le petit c’est bien beau mais j’ai d’autres patients qui doivent attendre.