Hôtel particulier des Gallagher

L'imposant édifice qui abritait la prestigieuse famille des Gallagher s'élevait dans une des rues toutes proches de Buckingham, un des quartiers les plus luxueux de Londres. Imposant et magnifique, il jetait aux yeux de tous un avant-goût de la richesse et du prestige de ses occupants.

Un homme en livrée attendait constamment devant la porte, sentinelle impassible.

Le carrosse de Nyme les déposa devant le perron, avant de se garer silencieusement à côté de l'entrée. Nathanael regarda tout ce luxe avec méfiance : si il avait l'impression que la demeure de Nyme était un palais royal, il n'avait rien d'assez fort pour comparer cette énorme bâtisse. Trop de dorures, trop de statues... Il tira sur les manches du costume d'étudiant que Nyme lui avait prêté : son ami était de stature plus fine que lui, et il se sentait légèrement à l'étroit. Mais bon, l'illusion n'en serait que meilleure, et il n'avait pas d'autre choix pour continuer à mener leur enquête.

Nathanael tenait la lourde sacoche de médecin de Nyme et le suivit, en étudiant studieux et soumis qu'il devait être. Le portier leur ouvrit la porte après leur avoir demandé qui ils devaient annoncer, puis les installa dans une antichambre au luxe discret et aux fauteuils confortables. Nathanael n'arrivait pas à se détendre, trop anxieux à l'idée de faire rater leur mission.

Nyme avait essayé de tout préparer soigneusement. Il avait fouillé pour retrouver le vieux costume qu’il portait quand il était étudiant et avait été plutôt content de voir que Nathanael pouvait le porter sans avoir l’air trop ridicule. Il prépara ensuite ses affaires, son sac de voyage typique qui contenait son matériel médical. Ils arrivèrent directement devant la porte et descendirent du carrosse. Puis, ils s’avancèrent et se présentèrent alors qu’on leur ouvrit la porte et qu’on alla les annoncer. Ils allèrent ensuite patienter dans une antichambre. Nyme paraissait à l’aise, au moins il savait à peu près à qui ils risquaient d’avoir à faire.

- Bon…et bien c’est parti…

La porte s’ouvrit et un homme entra. Nyme le reconnu, c’était le jeune Gallagher, son père travaillait pour la reine alors que lui n’était encore qu’un jeune médecin qui faisait ses preuves en s’appuyant sur son nom.

- Monsieur Wintercome, c’est un plaisir de vous rencontrer.

- Tout le plaisir et surtout tout l’honneur est pour moi.

Les manières exagérées, la politesse extrême masquant tout ce que ces deux hommes pensaient l’un de l’autre. Mais dans ce monde chaque geste voulait souvent signifier quelque chose et souvent ce n’était pas ce à quoi on pensait à première vue. Les deux hommes se serrèrent la main et Gallagher s’assit en jetant un coup d’œil à Nathanael.

- Un jeune étudiant que j’ai employé comme étudiant, j’espère que sa présence ne vous gêne pas ?

- Biensur que non, c’est toujours un plaisir de rencontrer quelqu’un qui deviendra l’un des notre.

Cette fois-ci, il fit « l’honneur » à Nathanael de lui adresser directement la parole.

- Votre nom ?

Nathanael observa, perplexe, tous les sous-entendus contenus dans une conversation des plus banales... Alors c'était ainsi qu'on réglait ses comptes dans le grand monde? A coup de sourires et de poignées de main? Décidément, il n'y comprendrait jamais rien!

Il se leva brusquement lorsque leur hôte vint les voir, et écouta la première partie de leur discussion, les yeux baissés et l'air soumis, donnant l'image de celui qui était conscient de l'honneur qui lui était fait de pénétrer dans un si riche intérieur.

Je m'appelle Matthew Willoughby monsieur, et c'est un grand honneur de vous rencontrer...

Il savait pertinemment qu'un homme de la condition de Gallagher ne s'abaisserait pas à lui serrer la main, aussi Nathanael s'inclina respectueusement. A présent, Nyme était dans son élément, à lui de mener les négociations.

Nyme avait laissé Nathanael répondre, puisqu’il se doutait que celui-ci se doterait d’un autre nom et qu’ils n’avaient pas songé à s’entendre là-dessus. Gallagher observa longuement le supposé étudiant avant de faire un petit geste de la tête comme pour confirmer qu’il acceptait sa présence.

- Que nous vaut l’honneur de cette visite ?

- Nous sommes ici pour parler d’un cas étrange sur lequel nous ne nous entendons pas et aimerions avoir l’avis de monsieur votre père.

- Mon père n’est malheureusement pas en état de vous recevoir.

À ce moment précis, quelque chose dans la voix de l’homme changea. Nyme resta perplexe un moment suite à ce soudain changement.

- Pourtant nous avons eu la confirmation qu’il pourrait…

- Je vous dis que non.

- Dommage, nous repasserons pour lui dans ce cas…mais puisque nous sommes ici, j’aimerais savoir si mon assistant et moi-même pourrions avoir l’honneur de prendre le thé avec vous.

- Certainement, je vais le faire préparer de ce pas.

L’homme se releva et sorti. Nyme se tourna vers Nathanael.

- Nous avons un peu de temps pour se rendre sur la terrasse et pourrions nous égarer en chemin.

Nathanael observa tout ce manège sans rien dire, mais n'en pensa pas moins. C'était déjà étrange que le maître de maison ne soit pas visible... Nyme leur donna une occasion d'enquêter, mais que les deux s'égarent serait peu crédible.

Le mieux serait que tu restes avec lui, et je vais enquêter. Si quelqu'un demande où je suis, tu diras que tu m'as envoyé attendre dans le carrosse, et si on me demande ce que je fais là, un pauvre étudiant perdu dans un palais immense ne prête pas tellement à suspicion... Qu'en penses-tu?

- Parfait, sois prudent tout de même.

Nyme se leva pour sortir de l’antichambre, s’assurant que Nathanael le suivait et lorsque la porte fut refermée, ils se retrouvèrent devant un domestique qui voulu les guider jusqu’à la terrasse mais Nyme se tourna vers son beau-frère à ce moment précis pour lui indiquer d’aller attendre dans le carrosse, il indiqua ensuite au majordome que son assistant était tout de même assez brillant pour trouver la porte tout seul puis le suivi en laissant Nathanael. Le pire était à venir, prendre le thé avec ces gens qui n’ont strictement rien à dire. Il se retrouva avec Gallagher et sa femme pour le thé. Celle-ci lui demanda aussitôt pourquoi il n’avait pas amené lady Wintercome.

- Malheureusement, les longs trajets la fatigue.

Évidemment, il ne mentionna pas que Théodora ne savait même pas qu’ils étaient là.

Nathanael hocha la tête et bifurqua vers la sortie lorsque le majordome emmena Nyme prendre le thé. Son coeur se mit à battre plus rapidement alors qu'il commença à explorer.
Bon, il faut être logique dans ses recherches. Logiquement, ce n'est pas dans les étages qu'il aurait des chances de trouver ce qu'il cherchait, au milieu des chambres, des boudoirs et des chambres de bonne.

Il devait d'abord trouver le bureau du docteur, son laboratoire. Il devait certainement en avoir un, comme celui de Nyme à son manoir. Il commença alors son exploration, écoutant d'abord en mettant son oreille sur le bois verni des portes avant de les ouvrir. Il trouva un ou deux salons, une bibliothèque, mais sans bureau, un garde-manger...

Parfois, il se disait qu’il aurait facilement pu être acteur. Quoique vu son rang social c’eut été totalement impensable alors que souvent les gens de sa classe passaient leur vie à jouer un rôle de façon impeccable. Et c’était tout à fait ce qu’il était en train de faire en discutant avec Gallagher et son épouse. Il en profita d’ailleurs pour glisser quelques mots sur l’orphelinat dont la construction progressait et qui serait finit dans quelques mois. Il avait bien hâte de pouvoir accueillir les premiers enfants, c’était un projet qui lui tenait à cœur et qui serait pour toujours le symbole de l’amour qu’il y avait entre Théodora et lui. Il se sentait aussi soulagé de savoir qu’il pourrait en quelque sorte racheter le mal que son père avait pu faire en permettant à ses enfants d’avoir une base plus solide dans la vie. Il trouvait que Nathanael était un bon exemple, il était parti de loin et avait fini par pouvoir réaliser son rêve en étudiant en droit malgré le milieu dont il était issus mais ce n’était pas tout le monde qui avait le courage de travailler autant ou même la possibilité de la faire.

- Il faut avouer que c’est un projet plutôt particulier…surtout qu’il y a déjà de nombreux autres orphelinats.

- Ils sont tous remplis et insalubres la plupart du temps. Comprenez que je ne suis pas ici pour demander de l’argent, nous discutons simplement.

- Oui oui, biensur.

Nyme était peut-être bon acteur…mais celui-là ne l’était pas du tout, il cachait quelque chose et c’était plus qu’évident.

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Une jeune bonne marchait dans les couloirs en transportant un panier vers la cuisine, elle croisa alors Nathanael. Ne le connaissant pas, elle eu d’abord le réflexe de reculer se cacher derrière un coin de mur pour se calmer. Prenant une grande respiration, elle se dirigea ensuite directement vers lui et l’interpela, faisant bien attention de rester polie car elle avait entendu dire que ses patrons recevaient des invités et ne voulait pas s’attirer leur foudre si jamais cet homme était l’un de ceux là.

- Je peux vous aider ?

Elle resta planté là à l'observer de la tête aux pieds. Elle ne voulait pas faire de bêtises car elle n'avait pas ce travail depuis très longtemps. Ça se voyait car ses mains étaient encore toutes délicates et blanches et non usées par un quelconque travail manuel important. Avant, elle avait été femme de chambre quelques années mais son jeune âge montrait qu'elle ne devait pas avoir beaucoup d'expérience.

Le coeur de Nathanael rata un battement lorsqu'il entendit une voix s'élever derrière lui, tout ce qu'il craignait. Il se retourna lentement, puis soupira de soulagement lorsqu'il vit en face de lui une petite bonne encore plus jeune que lui. Il allait jouer là-dessus.

Il lui offrit son plus beau sourire, et tenta de jouer de l'ascendant qu'il avait sur elle, en tant qu'invité. Surtout qu'il ne l'avait pas encore vue, elle ne pourrait pas dire si il mentait ou pas.


Ah mademoiselle vous tombez bien! Je suis venu ici avec mon patron, qui est actuellement en train de prendre le thé avec le vôtre, mais il m'a demandé de venir chercher un instrument qu'il aurait oublié dans le bureau de votre patron. Pourriez-vous m'y mener, charmante demoiselle?

Dit-il en s'inclinant légèrement.

A la grande surprise de Nathanael, les choses s'enchaînèrent plutôt bien! Son coeur battait la chamade, et des gouttes de sueur froide roulaient dans le haut de son dos. D'une seconde à l'autre, l'intendant pouvait aller faire demander confirmation auprès de son maître, mais heureusement ce dernier avait plus l'air blasé et débordé qu'autre chose, et il dut se retenir de pousser un soupir de soulagement lorsqu'il donna les clefs à la bonne.

Il la suivit donc dans les couloirs jusqu'au bureau, et entra. Il tenta à nouveau de faire jouer de son charme légendaire.

Merci mademoiselle, vous êtes vraiment charmante et très consciencieuse, vos patrons ont de la chance de vous avoir. On ne sait plus en qui avoir confiance de nos jours.

C'était juste énormément culotté comme affirmation, mais il fallait donner le change. Il entra dans le bureau, et commença à examiner les tiroirs et les meubles, en pestant à haute voix.


Desfois, on se demande si nos maîtres n'auraient pas plus besoin d'une nanny que d'un apprenti... sans nous ils seraient perdus, vous ne trouvez pas? Roh mais où a-t-il pu mettre cette chose?

Il continua à fouiller sans trop faire de bruit, et il trouva bientôt une série de petites fioles remplies d'un liquide à l'aspect étrange, et une feuille de papier imprimée, qu'il ira montrer à Nyme dès qu'ils seraient tranquilles. Il rangea le tout dans la mallette de médecin de Nyme, et en sortit un stéthoscope qu'il brandit à la petite bonne en revenant vers elle.

Enfin je l'ai! Il était tombé sous le bureau!

Il s'inclina très respectueusement devant la demoiselle.

[i] Encore merci pour tout ma jeune amie, vous m'avez été d'une grande aide, et je vous en suis infiniment redevable! Au plaisir de vous revoir![i]

Puis il dévala les marches et attendit patiemment dans le carrosse, espérant que personne de la maisonnée ne vienne courir vers lui en hurlant et en criant "Au voleur!".

La bonne resta à attendre qu’il ait finit. Elle ne savait pas trop ce qu’il cherchait, de toute façon elle ne connaissait rien à ces histoires de médecins. Poliment, elle l’écouta sans répondre, hochant simplement la tête. Quand il sembla trouver ce qu’il cherchait, elle attendit qu’il sorte pour verrouiller la porte afin d’être certaine de tout laisser comme elle l’avait trouvée. La bonne n’eut le temps de rien dire, le jeune homme était déjà parti.

Nyme continua à supporter ses hôtes. Depuis de longues et pénibles minutes, il était coincé à écouter les commérages de la jeune épouse. Elle était sympathique mais tout ce qu’elle racontait ne l’intéressait pas le moins du monde. Il continuait par contre à jouer la comédie pour éviter d’être impolie. Il ignorait combien de temps Nathanael allait avoir besoin alors décida de prolonger un peu sa visite en discutant de l’état de Théodora. Après tout, le jeune Gallagher en savait peut-être plus que lui sur les grossesses et Nyme s’inquiétait toujours car il savait que sa femme avait la santé fragile. Malheureusement, il n’en appris pas vraiment plus…Il faudrait qu’il trouve une sage femme lors des derniers mois afin de rester à la maison avec eux pour être prêt à tout. Il fallait que tout se déroule bien. Finalement, il pu remercier ses hôtes et rejoindre le carrosse. Nyme fit un effort jusqu’à la fin pour garder son sourire qu’il perdit aussitôt que la porte de la berline se referma. Retrouvant automatiquement son sérieux alors que les sabots des chevaux raisonnaient sur les pavés, il regarda son beau-frère.

- Alors ? Qu’est-ce que tu as trouvé ?

Nathanael soupira de soulagement lorsqu'il vit son beau-frère sortir de la luxueuse demeure, et monter dans la berline. Il regarda par dessus son épaule encore quelques minutes, pour être sûr que personne ne se lance à leur poursuite,puis s'adressa enfin à Nyme.

Je crois qu'on tient quelque chose! Regarde!

Il posa la mallette sur ses genoux et l'ouvrit, lui montrant quelques fioles trouvées dans le bureau des Gallagher.

Ca pourrait être un échantillon de notre substance je crois...

Puis il sortit le papier, deuxième preuve ramenée du bureau : Une publicité. On voyait Gallagher fils, en blouse blanche, dans un cadre ovale, et un slogan sur une banderolle se situant sous le portrait "Rien ne résiste à l'élixir du Dr Gallagher!"
Avec en dessous, quelques lignes expliquant les vertus de ce produit miraculeux, qui permettait de lutter efficacement contre les maladies, surtout contre l'épidémie qui faisait rage, et qui finissait par encourager les consommateurs à suivre l'exemple de la reine, qui elle avait déjà accordé sa confiance au Dr Gallagher.

Voilà pourquoi ils ont lancé l'épidémie! Ils avaient déjà un antidote et ils comptaient se faire des fortunes avec la mort des pauvres gens !

Nyme le vit s’emporter mais il tenta lui-même de garder la tête froide afin de réfléchir. Certes ils avaient des preuves mais indirectes…apparemment ça ne les reliait à rien.

- Calme-toi, réfléchit un instant. Le fait qu’ils aient un remède ne prouve rien. On peu profiter d’un malheur sans en être la cause.

Et puis, ces fioles contenaient peut-être cet antidote miracle et rien de plus. Ils ne pourraient être fixés avant de le savoir mais Nyme préférait rester sur ses gardes. La possibilité était toujours là, Gallagher n’était peut-être pas agréable mais ça ne faisait pas de lui un criminel prêt à tuer tant de gens pour agrandir une fortune déjà en excellente forme.

- Ça ne sert à rien de s’énerver, on a des preuves possible mais rien de concret pour l’instant tant que nous ne sauront pas exactement ce que contiennent ces fioles. Après tout, si nous savons que quelque chose a été répandu dans l’eau, il a très bien pu le savoir aussi et élaborer véritablement un remède. Inutile de ternir une réputation sans preuves.

Nathanael serra les poings face à la réaction trop calme de son beau-frère. Qu'est-ce que son esprit pragmatique et raisonnable pouvait l'énerver par moments! Selon lui, sa théorie de bienfaiteur de l'humanité ne tenait pas la route.

Attends une seconde, pourquoi quelqu'un qui agirait en silence pour protéger le peuple, s'apprêterait à placarder des publicités vantant les mérites de ses propres médicines... Un vrai philanthrope n'aurait rien dit, n'aurait pas voulu en tirer une publicité... Je sens qu'ils sont coupables...

Il se laissa emmener jusqu'au manoir, et suivit Nyme jusqu'à son atelier. En chemin, il embrassa sa soeur, et la regarda avec tendresse en constatant que son ventre commençait à se dessiner légèrement sous sa robe. Mais ses sourcils se froncèrent à nouveau une fois la porte fermée.
Il s'installa sur une chaise, et regarda Nyme faire les tests sur les produits trouvés.
Au bout de quelques minutes, la réaction chimique tant attendue eut lieu. C'était bien de la toxine.

Alors? Qu'est-ce que ça dit?

- Je ne dit pas que ses intentions sont louables pour autant. Il tire profit de la situation et n’est pas obligé d’être à l’origine de celle-ci.

Nyme voyait bien que son beau-frère n’appréciait pas trop ce qu’il disait mais il ne voulait pas s’emporter inutilement. Dans le fond, il espérait que Nathanael avait raison et que tout allait être finit. Ils arrivèrent finalement au manoir. Il vit Théodora venir les accueillir. Elle devenait de plus en plus resplendissante avec son petit ventre et, le plus important, elle semblait heureuse. Mais si ça continuait comme ça, il lui faudrait de nouvelles robes pour pouvoir être confortable, ce n’était pas un problème, rien n’était trop beau pour elle.

- J’ai quelques mots à dire à Nathanael, mais je serais tout à toi bientôt.

Lui dit-il avant d’aller dans son bureau et d’ouvrir la bibliothèque pour faire quelques analyses sommaires du contenu des fioles. Il recula un peu.

- Je dois avouer que si c’est ce qui a été versé dans l’eau je comprends très bien pourquoi les gens meurent….

Boire la fiole ça aurait été la mort immédiate, et pas très agréable, mais le tout dilué dans autant d’eau avait un effet nettement plus minime en affaiblissant l’organisme quoique consommé régulièrement pouvait très bien causer la mort aussi.

Nathanael se releva d'un bond. Il exhultait. Ce qu'il avait pronostiqué s'était finalement avéré correct. Ces riches, nés avec une petite cuillère en argent dans la bouche, voulaient encore plus d'argent et de pouvoir, mais à quel prix? Au risque de tuer des centaines, voire des milliers de familles innocentes, simplement car elles n'avaient pas les moyens de s'offrir ces remèdes miracle?
Il en avait envie de vomir.

Qu'est-ce qu'on fait maintenant? Comment on stoppe tout ça? On ne peut pas les laisser s'en tirer... ils doivent être punis...

Il se mordilla le pouce en signe de réflexion. La famille Gallagher était protégée, et il fallait être sacrément courageux pour oser s'en prendre à eux de front; Il ne voyait pas comment s'en sortir.

- Il n’y a pas un millions de façon de faire, il faut les attaquer directement. Après tout, c’est toi qui étudie pour devenir avocat, tu t’y connais mieux que moi là-dedans. Je ne vois pas de quelle autre façon régler ce cas.

C’était risqué, mais ils avaient des preuves et c’était possible de trouver des témoins alors la cause se tenait un peu…mais pouvait-on vraiment faire confiance au système judiciaire quand on s’opposait à une famille puissante qui pouvait se payer n’importe quoi et n’importe qui ?

- À partir d’ici c’est toi l’expert, on a trouvé les coupables, reste à rendre justice.

Quoique Nyme n’avait pas une très haute opinion de la justice surtout qu’il avait eu la preuve qu’elle n’avait pas été très efficace avec le cas de son père qui n’avait jamais été puni pour ce qu’il avait fait. À cause de sa récente altercation avec la police, Nyme savait que son père avait été soupçonné mais que quelque chose avait semblé rendre son arrestation impossible. C’était dans ces moments là qu’il sentait bien qu’il ne connaissait pas toute l’histoire bien qu’il en faisait lui-même parti. Il avait quand même un peu peur de s’embarquer dans une telle histoire, il se ferait de nombreux ennemis alors qu’il ne voulait que vivre paisiblement avec sa petite famille. Nyme songeait surtout au mal que cette histoire pourrait faire à Théodora et à leur enfant.

Nyme avait raison, il devait trouver un moyen légal pour les empêcher de nuire. Il s'en alla sitôt les résultats des tests révélés, pour se plonger dans l'austère bibliothèque de la faculté de droit.

Studieux et travailleur, il avait gagné l'oreille de certains de ses professeurs, mais tous le dissuadèrent de s'attaquer aux Gallagher, au vu de leur protection par la reine, de leurs moyens et de leurs appuis. Nathanael était sur le point de baisser les bras : ils avaient tué des milliers de personnes, et gagné des millions... sans qu'ils soient inquiétés le moins du monde...
Il ne savait vraiment pas quoi faire.