Le temps n'efface pas tout

Elle avait attendu un moment, se disant qu’Ailein était allé voir son ami et qu’elle rentrerait mais quand elle vit le soleil commencer à décliner, Erzebeth Scott se leva rapidement et sorti. Elle se fit conduire à travers les rues de Londres. Le trajet n’était pas très long mais pour son cœur de mère folle d’inquiétude à l’idée de perdre sa fille de nouveau il paru interminable. Le carrosse s’arrêta devant la demeure qu’elle avait déjà visiter. Elle entra et grimpa les escaliers pour frapper chez Nathanael. Elle attendit une réponse qui lui sembla trop longue à venir et refrappa encore. Quand la porte s’ouvrit finalement, elle s’empressa de parler.

- Navrée de vous déranger mais…

Elle s’interrompue dans son discours car après avoir rapidement balayé la pièce des yeux, elle n’avait pu que constater que sa fille n’y était pas. Elle releva la tête et regarde le jeune homme devant elle.

- Où est Ailein ?

Erzebeth avait quelque chose de particulier avec ses longs cheveux roux en batailles qui malgré son âge n’avait rien perdu de leur teinte enflammée, peut-être quelque chose de démoniaque.

Nathanael avait poussé Ailein à rejoindre sa mère pour ne pas qu'elle s'inquiète, et c'est avec un pincement au coeur qu'il la vit partir de sa petite chambre. Il se mit en tête de faire un peu de rangement, son intérieur ayant été laissé un peu à l'abandon ces derniers jours, ayant sur les lèvres un sourire ravi suite à la nuit qu'ils avaient passé ensemble. Il n'avait pas voulu la brusquer, la forcer, et il avait l'impression qu'elle avait apprécié ce moment entre eux.

Il entendit alors des pas rapides dans l'escalier, arrivant jusqu'à lui. Il releva le nez de ses papiers, surpris. Ailein avait-elle oublié quelque chose? Etait-elle revenue le voir? Il se leva et alla ouvrir. Quelle ne fut pas sa surprise de se retrouver face à face avec la mère d'Ailein. Elle avait l'air bouleversée et follement inquiète.

Je... je l'ai poussée à rentrer chez vous il y a une demi-heure! Elle est venue ici hier soir, et comme elle ne vous avait pas prévenue, je lui ai dit de se dépêcher de rentrer pour ne pas que vous vous inquiétiez... Elle n'est pas rentrée?

Il lui fit signe d'entrer, alors qu'un frisson d'angoisse le prit à la gorge. Ailein, qu'avait-il bien pu lui arriver?

Peut-être que vous vous êtes croisés sur le chemin?

Elle entendit ce qu’elle craignait en entrant dans la chambre.

- Je ne serais pas venue jusqu’ici si elle était rentrée. Vous l’avez laissé partir toute seule ! Mais à quoi avez-vous pensé !

Erzebeth ne doutait pas, une demi-heure, c’était bien assez long pour qu’elle rentre. Il avait dû se passer quelque chose. Elle explosa littéralement, au grand malheur de Nathanael qui était la seule cible de sa colère.

- Pourquoi avez-vous fait ça ! Il faut être un véritable idiot pour ne pas comprendre les dangers qui courent pour elle ! Vous ne tenez pas à elle ou est-ce que vous êtes simplement sot ?! Je vous conseille de retrouver ma petite fille si vous tenez à ne pas avoir d’ennemi !

Elle n’était pas véritablement méchante, mais elle était hors d’elle à la pensée que quelqu’un avait pu retrouver sa fille pour la lui arracher de nouveau. Il fallait qu’elle prévienne la police et qu’elle rentre pour s’assurer qu’elle n’était pas rentrée encore et pour l’attendre. Mais elle aurait préféré enfiler ses bottes pour aller démolir quelques imbéciles qui osaient vouloir faire du mal à sa fille.

Nathanael fut surpris par la réaction de la mère d'Ailein. Il trouvait ces accusations injustifiées, et disproportionnées, mais il ne voulut pas froisser celle qui pourrait un jour devenir sa belle-mère.

Je lui ai dit de prendre un cab pour rentrer! Elle est venue chez moi, au milieu de la nuit, vêtue seulement d'une cape et d'une chemise de nuit, les pieds nus. Je lui ai fait mettre une ancienne robe de ma soeur, ainsi que des chaussures à elle, pour qu'elle soit décente sur son trajet de retour. Je ne l'aurai jamais laissée courir le moindre risque!

Mais lorsqu'elle le traîta d'idiot, ce fut la goutte d'eau qui fit déborder le vase.

Je pense avoir pris plus de risques pour assurer sa sécurité que vous, Mrs Scott! Je vous rappelle que, parce qu'elle avait peur de vous, elle a vécu l'enfer et a dû travailler dans un bordel pendant deux ans! Je l'ai sortie de là, je me suis battue avec le gorille de l'endroit qui a bien dû me briser deux côtes pour pouvoir vous la ramener! Je l'ai amenée chez moi, je l'ai soignée, nourrie et habillée! Je suis même allé jusqu'à emprunter une robe de deuil à une de mes amies pour pouvoir nous rendre aux funérailles de feu votre mari, tout ça parce que je pensais que vous retrouver était la chose la plus importante qui puisse lui arriver! Alors ne me dites pas que je n'ai rien fait pour assurer sa protection, ça serait dépasser les bornes! Et maintenant il serait temps d'arrêter de nous quereller comme des collégiens, car ce n'est pas comme ça que nous aurons une chance de la retrouver!

Il attrapa son chapeau, enfila sa veste et se dirigea vers la porte.

Elle trouva ça particulièrement agréable que quelqu’un lui réponde de cette façon. Normalement, lorsqu’elle se fâchait, tout le monde se taisait et lui obéissait. Sauf son mari évidemment qui avait appris à gérer ce genre de crise. Ce petit avait du cran. Mais ce n’était pas le moment, il avait bien raison. Elle resserra son manteau et suivit Nathanael.

- Je retourne chez moi voir si elle est arrivée entre temps. Si ce n’est pas le cas je préviendrais la police et partirait à sa recherche.

Elle remonta ensuite dans le carrosse qui était toujours devant et fit signe au cocher de partir. Elle lui demanda d’emprunter un certain chemin qu’ils n’avaient pas prit en arrivant afin de voir s’ils croiseraient Ailein sur leur route. En arrivant, elle s’empressa de rentrer dans la maison pour constater que sa fille n’y était pas. Elle sortit rapidement pour se rendre au poste de police le plus proche où on ne voulu d’abord pas l’écouter mais quand elle se présenta, l’attitude changea rapidement. L’argent permet de faire bien des choses, d’attirer l’attention et constitue une excellente motivation. Erzebeth retourna ensuite dans son carrosse pour parcourir la ville, essayant tout les chemins imaginable que sa fille aurait pu emprunter pour passer de chez Nathanael à chez elle. Elle était morte d’inquiétude, sentait son cœur s’arrêter à chaque fois qu’elle apercevait une femme à la chevelure blonde du coin de l’œil mais était rapidement déçu en constatant que ce n’était pas Ailein.