Une autre sortie

Nyme passa plusieurs jours très occupés car une nouvelle épidémie semblait sur le point de se déclarer et qu’il fallait limiter les dégâts et il y avait aussi son nouveau petit protégé qu’il avait tenté de mettre à l’abri de cette menace. Si bien qu’il n’avait eu que très peu de temps pour tout planifier. Il avait donc finit par décider de l’amener dans un endroit très spécial pour lui. Un matin, alors qu’il savait très bien qu’elle devait travailler, il se présenta à l’atelier avec son allure d’ouvrier. Il salua plusieurs autres personnes qui semblèrent le reconnaître de la dernière soirée qu’il avait passé avec Theodora. Il tenait en faite à l’amener dans un endroit qui lui était plus familier. Nyme savait qu’elle aimait les jolies choses et avait découvert que le musée où il avait l’habitude de se rendre parfois était ouvert à tout publique ce jour là et c’était dit que c’était sa chance. Il s’approcha d’elle.

- Bonjour mademoiselle, j’espère que vous ne m’avez pas oublié malgré tout ce temps.

Nyme était très fatigué à cause de ces derniers jours mais ne voulait pas attendre une journée de plus, on voyait bien par contre qu’il n’était pas resté à se tourner les pouces.

Nyme ne manqua pas de susciter un vif intérêt parmi toutes les ouvrières de l'atelier. Pour la bonne et simple raison que les visites étaient interdites; De loin, il put voir Theodora lui tournant le dos, appliquée à orner les manches d'une robe de fine dentelle. Lorsqu'elle entendit la voix de Nyme, elle fit tomber les quelques aiguilles qu'elle tenait en main en sursautant, et se tourna vivement, l'air plus paniquée qu'heureuse.

Je... que fais-tu ici? Les visites sont interdites pendant les heures de travail!

Elle regarda avec anxiété autour d'elle mais c'était trop tard, la chef d'atelier, une vieille fille revêche d'une soixantaine d'années arrivait à grands pas.

Mademoiselle Riverblossom! Le règlement de cet atelier stipule qu'aucune visite n'est autorisée, alors pouvez vous m'expliquer ce que ce jeune homme fait ici? Vous avez intérêt à avoir une bonne explication, sinon vous pourrez rendre votre tablier dès ce soir!

Puis elle croisa les bras et attendit en tapant du pied. De son côté, Théodora blêmit, et lança un regard désespéré à Nyme. Il l'avait mise dans le pétrin, maintenant il fallait qu'il la sorte de là. Allez... dis quelque chose, je t'en prie!

Il ne s’attendait pas du tout à cette réaction mais comprit rapidement ce qui l’avait déclenchée…Encore une gaffe ! Mais bon…comment était-il sensé le savoir ? Après tout, rien ne l’avait empêché d’entrer. Voyons qu’il était responsable de cette bévue, il tenta lui-même de régler le problème il se tourna vers la femme qui venait de menacer Theodora.

- Je suis navré madame, tout est ma faute. J’ignorais que je ne pouvais pas venir ici. Mon intention n’était pas de déranger et Theodora ignorait même que je viendrai. Il faut comprendre que mon cœur se languit depuis des jours et que je n’ai pu attendre une minute de plus.

Bon, si ça ne fonctionnait pas…il faudrait qu’il trouve autre chose. C’était quand même un peu difficile de garder son rôle dans ce genre de situation.

- Je vous assure que c’est entièrement de ma faute et qu’il serait injuste de la punir.

Bon, ses manières laissaient peut-être place à certains soupçons mais il faisait des efforts pour sembler uniquement polie sans trop en ajouter.

Théodora leva les yeux au ciel de désespoir. Il aurait pu trouver je ne sais quelle excuse, dire que son frère était malade, ou venait d'avoir un accident... Et la vieille fille était tout sauf romantique.
Elle s'emporta.

Mademoiselle, vos fréquentations, même si visiblement vous ne les laissez pas de marbre, n'ont rien à faire ici! Notre atelier n'est pas un lieu de débauche! Si cela se reproduit encore une fois, vous serez renvoyée, et vous pourrez ainsi vous consacrer à vos problèmes de coeur! En attendant, vous êtes renvoyée de l'atelier pendant une semaine, et bien sûr sans recevoir votre paie! Maintenant débarassez le plancher!

Théodora le prit par la manche et l'entraîna rapidement à l'extérieur, après avoir attrapé son manteau. Elle ne disait rien, des larmes commençant à perler au coin de ses yeux. Une semaine sans paie... elle n'allait jamais pouvoir payer le loyer de sa chambre, ni ses repas... ni aider qui que ce soit, alors que tant de personnes en auraient eu besoin... Elle s'assit sur le banc sur le trottoir, devant l'atelier, sans rien dire, regardant dans le vague.

Heureusement qu’elle l’attrapa par la manche car il aurait sans doute perdu son calme. Bon…il avait fait une grosse gaffe, encore. Non seulement, il ne tolérait pas d’être humilié de la sorte mais en plus cette vieille sorcière avait insulté Theodora.

- Non mais pour qui est-ce qu’elle se prend ! Elle n’a aucunement le droit de…

Nyme se tut, il voyait bien qu’elle allait mal…et il n’aidait pas.

- Je m’excuse…je ne savais pas…je…je ne sais pas du tout quoi faire dans ces moments là…honnêtement, je ne comprends rien à ce qui vient de se passer…j’aurais dû rester chez moi…

Il s’assit à côté d’elle, gardant tout de même une certaine distance au cas où…après tout, elle devait tellement lui en vouloir alors qu’il ne savait pas du tout quoi faire pour tenter de se rattraper ou du moins empêcher que la situation soit encore pire. Nyme aurait dû se servir de sa tête au moins pour trouver une excuse…il faut dire que s’il avait pu dormir la veille ça aurait sûrement aider…Pourtant, il pouvait se venger de cette vieille mégère d’un tas de façon, mais oserait-il le faire ? Et puis, les gens se demanderaient ce qui se passait si quelqu’un de soudainement fortuné se mêlait de cette affaire.

Elle resta quelques minutes ainsi, avant que, tout doucement, sa main vienne glisser sur ses jambes pour rejoindre la tienne et s'y poser, toute légère, avant de lever les yeux vers toi.

C'est... c'est très gentil d'avoir voulu me faire une surprise... mais maintenant... je... je ne sais pas comment je vais arriver à payer mon loyer, et mes repas... Il y a quelques personnes que j'aide aussi de temps à autres que j'aide en... en leur offrant du pain ou quelques courses... et je ne pourrai pas le faire ce mois-ci... c'est surtout ça qui me rend triste... Mais c'est vrai que toi tu n'as pas ce problème...

Juste un fait, une tentative d'explication...pas une accusation contre sa richesse. Elle énonçait simplement que c'était une préoccupation qu'il n'avait pas à envisager.

- Si c’est ça le problème je t’assure que je vais t’aider, car ce n’est pas du tout un problème pour moi comme tu viens de le dire. Je ne dis pas ça pour faire de la charité mais tout simplement parce que c’est ma faute et uniquement la mienne si tu te retrouves dans cette situation, si tu me laisses t’aider ça serait ma façon de me faire pardonner…

Il n’allait quand même pas l’abandonner alors que pour une fois il pourrait être réellement en mesure de l’aider. De plus, il ne voulait pas du tout qu’elle vive un enfant qu’il ne pouvait même pas réussir à s’imaginer à avoir du mal à manger ou à garder un toit sur sa tête.

- Alors, tu me laisses te venir en aide ?

Nyme la regarda simplement, espérant qu’elle ne verrait pas dans sa proposition un geste absurde pour l’acheter ou montrer sa supériorité car il ne se croyait pas du tout supérieur à qui que se soit.

Elle hésita quelques secondes avant de répondre, mal à l'aise.

D'accord... d'accord... mais ça sera la seule fois... Je ne veux pas... qu'on me prenne pour une fille entretenue...

Puis elle lui sourit avec douceur, et, le poussant légèrement avec son épaule, lui demanda, en guise de réconciliation.

Au moins, nous aurons le temps de nous voir cette semaine... D'ailleurs, où comptais-tu m'emmener aujourd'hui? Mon prince des pieds dans le plat?

Les émotions ressenties durant l'altercation, la peur et la gêne commençaient à se dissiper, et elle voyait un peu mieux le bon côté des choses. Ce serait une occasion de passer plus de temps ensemble...

Évidemment, même si ce n’était pas l’envie qui manquait, il savait bien qu’elle ne le laisserait pas s’occuper complètement d’elle. Theodora sembla se calmer un peu, Nyme était content, il avait l’impression de lui enlever un poids sur les épaules.

- Je voulais t’amener au musée, je sais qu’il est ouvert à tout publique aujourd’hui et je me suis dit que tu aimerais.

Au moins, ce congé forcé pourrait leur permettre d’être un peu plus ensemble. En faite, c’est ce qu’il croyait mais il est bien difficile de savoir ce que la vie peu réserver et Nyme était loin de se douter qu’il aurait une très mauvaise surprise au cours des prochains jours.

- Tu veux bien venir ? Je suis certain que tu vas adorer les peintures qu’on y trouve.

C’était un peu risqué mais quand même il y avait très peu de chances que les aristocrates s’y risque ce jour là compte tenu du fait que les galeries allaient être envahi par des gens du peuple.

Elle s'essuya délicatement les yeux avec son mouchoir en dentelle, le rangea dans son sac puis se releva, tendant la main vers Nyme.

Alors allons-y! Je ne suis jamais allé au musée!

Décidément, il lui fallait peu de choses pour retrouver le sourire. Elle se réjouissait : le musée, une sorte de lieu sacré où des gens comme elle ne se rendaient jamais. Un lieu pour l'élite, où les pauvres n'y étaient pas admis, car il était évident que les gens du peuple ne comprenaient rien à l'art.

Elle se laissa donc guider vers le respectable bâtiment, intimidée par tant de solennité. Puis elle s'abandonna à la contemplation de toutes ces magnifiques toiles ,sensible aux couleurs, aux textures... traînant Nyme de toile en toile en lui disant

Regarde comme c'est beau! Oh,là, la lumière est magnifique!

Le bâtiment était imposant, bien décoré, tout pour créer une impression claire de grandiose. C’était un endroit où il était venu souvent parce que c’était très tranquille la plupart du temps. Mais à ce moment il se réjouissait surtout de la voir aussi heureuse à contempler tout les tableaux. Nyme avait un peu de mal à la suivre. En tout cas, il pouvait être certain de réussir à bien dormir ce soir là. Il était venu au musée pour lui faire voir les bons côtés de son univers comme elle lui avait montré les bons côtés du sien en l’emmenant danser à cette fête. Theodora avait l’aspect social, les gens attachants et lui avait le luxe et les beaux-arts. C’était déjà mieux que rien.

- Si tu aimes la peinture je te montrerais les toiles que j’ai chez moi. Beaucoup de portraits mais je suis certain que tu les aimeras.

Pendant qu’il lui parlait, ça lui faisait une petite pause des vas et viens à gauche et à droite.

- Tu as vue celle-là ? On dirait la fête où nous étions la dernière fois.

Elle rit en contemplant le tableau en question, et commença à s'amuser à le décrire avec lui.

Eh regarde, on dirait le gros homme derrière nous qui s'est renversé sa bière sur ses genoux! Et elle, elle a le même nez que la femme au châle gris qui t'a demandé l'heure... Je n'en reviens pas, c'est comme si c'était notre soirée qui était peinte ici!

Puis elle se tourna vers Nyme, et lui prit les mains. Elle avait légèrement sursauté en l'entendant suggérer l'idée de venir chez lui.

J'aimerai beaucoup voir tes tableaux... et surtout de voir l'endroit où tu habites... La seule fois où je suis venue, je n'ai vu que le hall d'entrée...

Elle souvenait de la scène comme si c'était hier, l'ayant pris pour un séducteur de bas étage, un parmi d'autres, venue lui rapporter la robe qu'il avait fait réparer... D'ailleurs, a qui était cette robe? Elle lui poserait la question à l'occasion. Elle avait traîné les pieds pour faire cette livraison, et maintenant elle se réjouissait à l'idée de découvrir l'univers de son amoureux, voir l'endroit où il avait vécu et grandi. Elle était contente qu'il lui fasse partager ce qui comptait pour lui.

- Mais par contre le peintre a fait une grave erreur, il a oublié ce qu’il y avait de plus beau ce soir là.

Dit-il avec un sourire avant de simplement rajouter en la regardant.

- Toi.

C’était une petite phrase facile mais Nyme aimait lui rappeler combien il l’aimait et c’était sa façon à lui de le faire, une petite attention.

- Rien ne t’empêche de venir. Ça peu paraître un peu lugubre au premier abord mais en faite j’imagine que ce n’est pas si horrible, c’est une question d’habitude.

Au moins, le manoir était très bien entretenu et il n’avait presque pas changé depuis la naissance de Nyme qui c’était toujours senti incapable de faire d’importantes modifications à cet endroit où il se sentait à la fois en sécurité mais où il se souvenait très clairement avoir été si souvent complètement effrayé par plusieurs choses qui hantaient encore ses souvenirs.

- Tu pourrais venir manger, Masson sera sûrement très content de pouvoir te revoir et il n’est pas si horrible que ça en cuisine.

Theodora rougit en baissant les yeux en entendant le compliment de Nyme. Depuis qu'elle le connaissait, il l'avait fait se sentir tellement bien, si exceptionnelle. Personne ne l'avait jamais encore regardée de la façon dont Nyme le faisait.

Merci répondit-elle simplement. J'ai hâte de venir te voir. Tu pourras me montrer où tu as grandi, les endroits où tu aimais rester... Et j'aimerai bien apprendre à connaître un peu mieux Masson... c'est ta seule famille, et je n'ai pas envie qu'il ait une mauvaise image de moi...

Tout était si parfait... elle s'imaginait naïvement que tout allait durer ainsi pour toujours, sans aucun nuage. Elle était si jeune...

- En faite Masson n’est pas ma seule famille, mais il est plutôt le seul qui habite encore avec moi. Il dit toujours qu’il reste seulement parce qu’il sait que je ne survivrais pas cinq minutes sans lui.

Ajouta-t-il en riant. En faite, c’était plutôt vrai puisque Nyme n’avait jamais appris à se débrouiller tout seul, il n’avait qu’à s’asseoir à table et la nourriture apparaissait. Avec le temps il avait biensur compris que ce n’était pas comme ça pour tout le monde mais savait bien qu’il aurait beaucoup de mal à vivre autrement.

- Il y a Eleonore aussi, c’était ma nounou. Mon père l’a renvoyé quand il a jugé que j’étais assez âgé mais je vais toujours la voir de temps en temps.

Une mère décédé, un père indifférent, élevé uniquement par les domestiques, c’était peut-être pour ça qu’il était un peu plus ouvert d’esprit que la majorité des gens de son rang social.

-Peu importe, Masson ne pourra que t’adorer c’est certain.

Nyme c’était assis sur un banc pour se reposer un peu pendant qu’il en avait l’occasion.

C'est seulement à ce moment que Theodora sembla remarquer la fatigue de Nyme, ses yeux cernés et son teint pâle. Elle s'assit à côté de lui, et lui fit doucement tourner la tête du bout des doigts, afin de pouvoir le regarder en face. Elle lui caressa doucement la joue, l'air inquiet.

Est-ce que tu es sûr que tout va bien? On dirait que tu n'as pas dormi depuis des jours... que s'est-il passé?

Elle de son côté avait été élevée par son grand frère, mais elle avait aussi poussé un peu seule, comme une fleur sauvage, son frère jouant plutôt les garde-fou que les éducateurs. Elle ne s'en était pas trop mal tirée, même si elle était encore naïve et impressionnable.

Détournant la tête un moment, il réfléchit avant de parler cette fois pour éviter de mal dire ce qui se passait et risquer de l’inquiéter d’avantage. Il avait déjà fait assez de gaffe aujourd’hui comme ça.

- Ce n’est rien, j’ai dû beaucoup travailler ses derniers jours et je n’ai pas pu attendre un instant de plus pour te voir alors je n’ai pas pris le temps de me reposer.

C’est vrai qu’il aurait pu aller se coucher et ainsi il aurait sans doute été plus en forme et n’aurait pas causé de tort à Theodore puisqu’il serait arrivé plus tard. Mais bon, c’état déjà fait et il ne pouvait pas remonter le temps pour tout arranger. De toute façon, ce n’était pas la première fois qu’il faisait ça et il pouvait facilement se faire au manque de sommeil.

- Mais je te promet que dans quelques jours ça ne se verra même plus.

Elle rougit à nouveau sous ses compliments : décidément, il trouvait les mots qu'il fallait pour lui tourner le coeur! Elle le crut, même si elle restait suspicieuse... une journée de travail dans un cabinet ne devait pas causer une telle fatigue. Mais elle le crut. Elle se dit qu'il lui en parlerait quand il en aurait envie.

Elle lui reprit la main et recommença à admirer les tableaux, mais à un rythme moins soutenu que tout à l'heure, prenant soin de ménager Nyme, et de faire en sorte que la délicate attention qu'il avait prévue ne se transforme pas en marathon, ou pire, en cauchemar.

Puis elle se fit raccompagner chez elle, et elle lui recommanda .

Repose-toi bien... je n'aimerai pas que tu tombes malade... Ce serait quand même le comble pour un médecin.

Nyme fut content qu’elle ralentisse un peu sans en faire de cas, il n’aurait pas voulu gâcher la journée qu’il avait prévu passer avec elle maintenant que tout semblait bien aller. Ils passèrent donc encore un moment à contempler les toiles avant qu’il ne la raccompagne jusqu’à chez elle. Theodora lui dit alors de se reposer.

- Ne t’en fais pas, au moins je sais comment me soigner moi.

Dit-il avec un sourire. Puis, voulant la rassurer, il ajouta :

- Je te donnerais des nouvelles demain alors ne t’inquiète pas trop.

Puis il parti, regagnant son carrosse qui le ramena chez lui. En arrivant, il était véritablement épuisé, si bien qu’il s’était endormi durant le trajet et que Masson vint le réveiller pour le conduire à l’intérieur. C’est le lendemain que tout commença véritablement. Quand le majordome alla le réveiller comme à tous les matins, il le trouva pâle et fiévreux et lui interdisait donc de quitter son lit. Ignorant ce qui se passait véritablement, il veilla sur lui comme à son habitude et la journée s’écoula plutôt calmement jusqu’à ce que Masson découvre du sang sur un des mouchoirs de Nyme qui, dormant la moitié du temps, n’avait même pas dû le voir. Inutile de faire venir un médecin, le domestique avec les maîtres qu’il avait eu, avait quand même quelques connaissances et il n’avait aucun doute sur ce qui arrivait à Nyme. Il avait dû contracter cette maladie pendant son travail en entrant en contact avec d’autres malades, c’était des risques courant. Se servant des connaissances sur le traitement de cette maladie bien peu efficace à l’époque, il laissait Nyme sortir de sa chambre, ou plutôt il l’aidait à sortir pour qu’il puisse aller prendre du soleil et de l’air frais. Trois jours s’écoulèrent ainsi sans qu’il ne semble y avoir une quelconque amélioration.

N'en pouvant plus d'être sans nouvelles, et d'autant plus inquiète qu'elle avait vu la mauvaise mine de Nyme au cours de la visite au musée, Théodora décida de prendre son courage à deux mains et se rendit au manoir de son chevalier servant. Elle avait peur d'apprendre une mauvaise nouvelle, mais elle se dit également que, si la situation avait été trop grave, voire... Masson serait quand même venu la prévenir.

Elle heurta donc la lourde porte d'entrée, et attendit.

Au vu des circonstances, elle fit fi de toutes les convenances, et une fois que le majordome s'était effacé pour la laisser entrer, elle se mit à courir dans l'immense hall et se mit à appeler.

- Nyme? Nyme où es-tu? Je t'en prie réponds-moi!!

Elle errait, hagarde, courant trois pas, puis revenant en arrière, puis se lançant dans une autre direction. Tellement de portes, de couloirs, d'escaliers s'offraient à elle. Elle en avait le tourni, plus la panique qu'elle ressentait à l'idée que son chevalier servant aille mal. Puis, elle tenta de grimper à l'étage, continuant à faire résonner sa voix affolée dans la maison silencieuse.

Elle éclata en sanglots, se débattant et tentant de repousser Masson sans brusquerie. Cette scène lui rappelait trop de souvenirs, de mauvais souvenirs. Elle revenait de l'école quand un soir son grand frère lui avait dit que ses parents étaient au ciel. Et c'était tout. Elle ne voulait pas se retrouver face à cette horrible nouvelle à nouveau, elle ne voulait pas revivre cette douleur immense, juste au moment où sa vie prenait un tournant magnifique, où elle apprenait enfin ce que c'était d'être aimée.

Je vous en prie... rien qu'une minute... S'il vous plait!